top of page
Search
  • Writer's pictureChristian Jacot-Descombes

Kate Bingham : l’héroïne de la vaccination au Royaume-Uni

Updated: Apr 19, 2021




« Moi j’ai eu Pfizer. Et toi ? Johnson & Johnson, hier. Sans problème (1) ». C’est un sentiment étrange que d’entendre les bavardages décontractés de ces Américains parlant de la vaccination au présent et dont le ton montre bien qu’ils considèrent le danger de la pandémie comme derrière eux. Un sentiment un peu jaloux que suscitent aussi Israël et le Royaume-Uni au moment où l’Europe reconfine plutôt que de vacciner. Comme c’est le cas en Suisse où la classe politique ne semble pas très pressée. On se livre à de petites blagues entre amis de parti au Parlement et on vote pour le maintien des mesures qui plombent l’économie selon la ligne de fracture habituelle entre les défenseurs historiques de la destruction de valeur et les autres.


Pendant que la vaccination piétine et la pandémie avance, les parlementaires suisse se font de petites blagues : publication sur Facebook d'une conseillère nationale vaudoise, le 17 mars pendant la session du Conseil national.

La femme providentielle…

Pendant ce temps, le Royaume-Uni, qui avait pourtant très mal débuté dans son combat avec le virus, réussit parfaitement sa campagne de vaccination. Aucun autre pays d'Europe ne progresse plus rapidement dans la vaccination de sa population. A tel point qu’on y prévoit la levée des mesures de restrictions dès fin juin. Quelles sont les raisons de ce succès ? Il y a bien sûr le fait de n’être plus dépendant de la lenteur et de la bureaucratie de Bruxelles, mais il y a surtout Kate Bingham.

C’est elle que Boris Johnson appelle quelques jours seulement après être lui-même sorti des soins intensifs au printemps 2020. Elle est une amie de sa sœur Rachel. « Par pitié, Kate, faites quelque chose. Il faut que les gens arrêtent de mourir » supplie le Premier.


… est une banquière

Formée en biochimie à l’Université d’Oxford et en business à Harvard, Kate Bingham est une banquière d’investissement. Elle travaille à la City de Londres depuis les années 90. Son job ? Se demander quelles sont les bonnes idées et dénicher des startups dans le domaine médical pour des sociétés d’investissement. Par chance pour les Britanniques, Kate Bingham accepte la mission et la traite selon ses conditions (pas d’ingérence des politiques, rapport direct au Premier ministre) et sa méthode (mandat limité à six mois, petite équipe de professionnels rassemblés autour d’elle). « On a créé une équipe similaire à ce que l’on fait dans la banque d’investissement. Ce n’est pas moi qui décidais des dépenses. Nous ne faisions que des recommandations comme s’il s’agissait de n’importe quel investissement en capital-risque (2) ». Les décideurs, un groupe de quatre ministres, pouvait, du fait de sa taille restreinte, prendre des décisions rapides. « Si je demandais une décision en 24 heures, je l’obtenais » témoigne Kate. Et c’est ainsi qu’elle organise le choix et l’approbation des vaccins, la logistique et la mobilisation des personnels (militaires, travailleurs sociaux, etc.).


Au parlement suisse: la ligne de fracture habituelle entre les défenseurs historiques de la destruction de valeur et les autres lors du vote sur l'assouplissement des mesures anti-covid le 3 mars

Efficace et pragmatique

Professionnelle de l’évaluation des risques, Kate Bingham convient avec les producteurs de vaccins des quantités d'achat garanties et elle les dégage de la responsabilité d’éventuels effets secondaires du produit. Une différence majeure avec les fonctionnaires de l’Union européenne qui, eux, privilégient le principe de précaution au détriment de l’efficacité réclamée par l’urgence de la situation. « C'est comme tout investissement. Vous regardez quelle est l'opportunité, quel est le potentiel de l'investissement, quels sont les risques et comment vous les avez mitigés. Cela vous indique si c'est la bonne chose à faire ou pas. Ensuite on décide : les gens meurent, donc plus nous prenons de temps, plus de gens mourront.


Aujourd’hui, près de 40% de tous les adultes britanniques ont reçu au moins une dose de vaccin. C'est presque quatre fois plus que la moyenne européenne. L’entrepreneuse qui a fait pour le Royaume-Uni ce que personne n’a été capable de faire pour l’Europe (et la Suisse) est déjà retournée dans le privé.

Mission accomplie.


(1) WBZ Boston News Radio, Night Side, 18.03.2021

(2) Welt am Sonntag, 7 février 2021

129 views1 comment

Recent Posts

See All
bottom of page