TJ soir du 13 octobre
- Christian Jacot-Descombes

- 8 hours ago
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Il faut reconnaître un certain talent à la RTS : celui de parvenir, soir après soir, à faire passer sa grille de lecture idéologique pour une évidence. Le TJ soir du 13 octobre en a offert un condensé saisissant, une sorte de vitrine du conformisme médiatique subventionné, où chaque sujet illustre la même morale implicite : Israël, le capitalisme et la droite sont coupables ; les militants, les victimes, les minorités et « ceux qui souffrent » ont toujours raison.
L’obscène symétrie.
Le journal s’ouvre sur les échanges d’otages et de prisonniers entre Israël et le Hamas. La rédaction traite le retour des otages israéliens, enlevés lors du pire pogrom depuis l’Holocauste, séquestrés, parfois torturés, sur un pied d’égalité avec la libération de détenus palestiniens condamnés par la justice d’un État démocratique, pour des crimes violents ou des actes terroristes. On a même entendu l’un d’eux se plaindre d’avoir été « privé de joie » parce que… menotté. Sidérant ! À force de vouloir tout « équilibrer », on finit par confondre victimes et bourreaux. Orwell avait raison : l’égalitarisme moral conduit invariablement à nier la réalité.
La soumission à la ligne.
Spécialiste chevronné du Proche-Orient, fin connaisseur de la région, Pascal de Crousaz fait partie des rares observateurs romands capables d’en déchiffrer les subtilités. Mais, fidèle à la ligne de la maison qui se réfère à lui depuis plus de vingt ans, il confond le Hamas et les Palestiniens comme s’il s’agissait d’un seul et même ennemi d’Israël. Il salue la portée historique du jour tout en ne le qualifiant que de « nouveau ». Et il ne peut s’empêcher de qualifier Benjamin Netanyahou de « maître de l’esquive, de la manœuvre dilatoire, voire du mensonge ».
La complaisance militante.
Vient ensuite un sujet sur la surveillance des groupuscules d’extrême gauche, envisagée par les autorités bernoises après la mise à sac de la capitale par ces mêmes groupes. La RTS tend son micro à un militant pro-Hamas, keffieh à l'épaule, invoquant la liberté de pensée, balbutiant le risque d’autocensure et dénonçant le prétendu « génocide » à Gaza. Pas une seule contradiction, pas de mise en perspective. Le journaliste-douanier (qu’avez-vous à déclarer ?) ne fait que recueillir ses propos comme si la haine d’Israël relevait d’une opinion respectable. Lénine appelait cela des « idiots utiles ». La formule reste d’actualité.
Le catéchisme climatique.
Sur l’initiative pour l’avenir des jeunesses socialistes, la parole est donnée à un militant arborant également les couleurs de la Palestine, pour qui les « ultra-riches » seraient les seuls responsables du réchauffement climatique. Là encore, pas de contradiction, pas une question sur la consommation, la responsabilité individuelle ou l’innovation. Rien sur le rôle des États. Le message est simple, binaire, moraliste : d’un côté les coupables, de l’autre les purs. Dans ce théâtre d’ombres, la complexité disparaît au profit de la simplicité du narratif militant.
Le péché du profit.
Dernier sujet : les bénéfices opérationnels de Swiss, à hauteur de 670 millions et la réorganisation des centres de décision décidé par Lufthansa, la maison-mère. Le reportage commence par cette question absurde : « Y aura-t-il encore des vols directs vers l’Amérique ou l’Asie depuis la Suisse ? », laissant croire que Swiss serait la seule à relier le pays au monde. C’est faux : plus de 10 vols long-courriers partent chaque jour de Genève, près de 40 de Zurich, opérés par une multitude de compagnies. Mais le but n’est pas d’informer : il s’agit de montrer que Lufthansa « met la pression pour faire toujours plus de bénéfices ». À la RTS, le vocable « bénéfice » reste un gros mot. L’idée qu’une entreprise privée doive être rentable semble inconcevable à des journalistes qui vivent d’une redevance obligatoire.
La défaite de la vérité.
La journaliste Caroline Fourest a raison : notre époque célèbre la « défaite de la vérité ». Le mensonge, ou plus souvent le demi-mensonge, se pare de compassion et de bons sentiments. À force de vouloir être du « bon côté de l’histoire », le service public a cessé d’informer pour préférer édifier.
Sa mission n’est plus de comprendre le monde, mais de le rééduquer. Et cela pas seulement en Suisse.
La réduction de la redevance à 200 francs ne suffira pas. Il faudra aller plus loin : privatiser la SSR. La vendre, à bas prix, aux mouvements dont elle relaie déjà les idéologies serait une option intéressante. Ainsi, financée par les dons ou les abonnements de ceux qui estiment son information crédible, elle saura enfin sur quel budget elle peut réellement compter et nous… nous saurons enfin combien vaut vraiment la vérité selon la RTS.




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